20 mars : Journée mémorielle pour les victimes de violences et agressions sexuelles et d’abus de pouvoir et de conscience au sein de l’Église.
eglise
Comme dans tous les diocèses de France, les fidèles étaient invités ce dimanche 20 mars à faire mémoire et à prier pour les victimes de violences et agressions sexuelles et d’abus de pouvoir et de conscience au sein de l’Église. Au terme de la messe présidée par Mgr l’Evêque en sa cathédrale, les fidèles ont rejoint ceux de l’église St Paul pour un temps de prière et l’envoi en mission de Mme Jessica TIV nommée ce dimanche 20 mars, Déléguée diocésaine pour la Protection des mineurs et des personnes vulnérables..
Présentation de la démarche par Mgr l’Evêque :
Nous prions aujourd’hui pour les victimes d’abus à la demande du pape François.
On a du mal à se rendre compte de ce qu’a vécu une victime. La première réaction c’est le silence. C’est le silence de la sidération. Comment un prêtre, un homme envoyé par le Seigneur pour me faire grandir dans la foi peut-il faire cela ? Pourquoi cet homme en qui j’ai mis ma confiance a-t-il eu ces gestes envers moi ? Pourquoi ne me respecte-t-il pas dans ma dignité, dans mon intégrité physique ?
Il faut écouter le témoignage des victimes. Elles ont du mal à parler parce qu’elles sont les victimes d’une telle violence intérieure que cette violence ne parvient pas à se dire avec des mots.
Et puis, est-ce qu’on va les croire ? C’est la parole d’un jeune contre celle d’un prêtre aimé, respecté, hors de tout soupçon ? Certaines victimes se demandent même si, comme elles n’ont rien oser dire, elles n’ont pas été consentantes dans une certaine mesure. Je me suis laissé faire, je n’ai pas résisté : n’ai-je pas approuvé ? Comment un jeune homme, une jeune fille aurait-il, aurait-elle pu résister face à la figure d’autorité qu’est le prêtre. Mais voilà : la culpabilité arrive, insidieuse et elle ajoute au drame intérieur, à la honte ressentie.
De tels abus sont de profondes violences. Ils blessent la victime. Parfois ils la brisent à jamais. On les a comparés à une forme de mise à mort. Car c’est la croissance, la maturité humaine qui est entravée. C’est la sexualité qui est blessée ainsi que la relation à l’autre mais également l’estime de soi. Bien souvent la relation à Dieu est atteinte. Comment peut-il en être autrement ? Comment continuer à mettre sa confiance en Dieu quand un prêtre a détourné de telle façon sa mission.
Nous voulons assurer les victimes de notre peine, de notre solidarité, de notre dégoût pour ces horreurs commises dans l’Eglise. Nous sommes bien impuissants pour les aider à se relever. Mais nous pouvons écouter leur témoignage, prendre au sérieux ce qu’elles ont à nous dire, les assurer de tout notre respect, les assurer de notre volonté de ne pas oublier. Mais surtout notre volonté de tout mettre en œuvre pour que notre Eglise soit une maison sûre en travaillant à la protection des jeunes.
Nos mots sont peu de choses. Mais ils traduisent notre désarroi, notre compassion et notre désir que les choses changent. Y compris notre manière d’exercer l’autorité. Nous voulons mettre fin au sentiment d’impunité qui permet tout, mettre fin à la manipulation des consciences, mettre fin à l’instrumentalisation des personnes vulnérables, mettre fin à l’abus de pouvoir.
Tous, d’une façon ou d’une autre, nous sommes concernés. Par la prière pour les victimes et par l’engagement à faire de notre Eglise une maison sûre.
Je fais maintenant monter notre prière vers le Seigneur. Elle sera suivie d’un psaume et de la prière du Notre Père.
Prions :
Seigneur, l’Eglise fait peu à peu la vérité sur les abus sexuels commis par des clercs ou des laïcs en responsabilités.
Avec toute la communauté chrétienne, nous demandons ton pardon pour les péchés commis, pour les victimes que nous n’avons pas su protéger, pour les victimes que nous n’avons pas su écouter et prendre au sérieux.
Nous te demandons pardon pour la lenteur de nos réactions, pour notre lenteur à ouvrir les yeux sur ces drames.
Nous te confions toutes les victimes de ces abus afin qu’elles obtiennent la guérison de leurs blessures et la paix du cœur, afin qu’elles retrouvent leur dignité et la joie de bâtir leur avenir.
Nous nous confions à toi, afin que tu nous inspires les attitudes, les mots, les gestes convenant pour contribuer au relèvement de ces victimes.
Donne-nous de nous approcher des jeunes et des personnes vulnérables avec respect, comme devant une terre sainte, comme devant le buisson ardent, en reconnaissant en eux ta présence, ton feu, ton image et ta ressemblance.
Donne-nous de travailler, dans ton Eglise, à une culture du respect, de la liberté, de l’écoute et de la juste distance éducative.
Psaume 118 lu par Jessica Tiv
Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route.
Je l’ai juré, je tiendrai mon serment, j’observerai tes justes décisions.
J’ai vraiment trop souffert, Seigneur ; fais-moi vivre selon ta parole.
Accepte en offrande ma prière, Seigneur : apprends-moi tes décisions.
A tout instant j’expose ma vie : je n’oublie rien de ta loi.
Des impies me tendent un piège : je ne dévie pas de tes préceptes.
Tes exigences resteront mon héritage, la joie de mon cœur.
Mon cœur incline à pratiquer tes commandements : c’est à jamais ma récompense.
Je hais les cœurs partagés ; j’aime ta loi.
Toi, mon abri, mon bouclier ! j’espère en ta parole.
Écartez-vous de moi, méchants : je garderai les volontés de mon Dieu.
Que ta promesse me soutienne, et je vivrai : ne déçois pas mon attente.
Sois mon appui : je serai sauvé ; j’ai toujours tes commandements devant les yeux.
Voilà sa lettre de mission.
Je vous nomme aujourd’hui pour trois ans déléguée épiscopale chargée de la protection des mineurs et des personnes vulnérables.
Vous aurez la charge de sensibiliser notre diocèse à cette question :
Tout d’abord en rédigeant une charte de comportement qui donnera des repères pour assurer la protection des jeunes.
Puis en organisant des formations pour tous ceux qui sont en responsabilité des jeunes et des personnes vulnérables : les prêtres, les animateurs d’aumônerie, les catéchistes, les responsables de mouvements rassemblant des mineurs, des personnes handicapées ou en précarité. Vous collaborerez également avec l’enseignement catholique pour la mise en place de ces formations selon les recommandations émises par le Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique.
Vous m’assisterez lorsque la cellule d’écoute diocésaine nous signalera des victimes d’abus et qu’il faudra prendre contact avec le Procureur.
Pour remplir cette mission vous vous entourerez d’une équipe compétente qui comprendra un prêtre, el Père Cyril Farwerck.
Vous travaillerez avec le bureau des Procureurs de Nîmes et d’Alès, ainsi qu’avec les associations d’aide aux victimes (AGAVIP médiations ).
Vous devrez aussi assurer les relations avec les media en partenariat avec le Délégué diocésain à la communication.
Je vous remercie d’avoir accepté cette mission. Je vous assure de ma confiance et de ma prière.