Compte-Rendu (validé) de l’intervention de Mgr Brouwet lors de la Récollection du MCR30 du 17 mars 2022

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rencontre

Contributeur : Mouvements | Mouvement chrétien des retraités

                 

CR Recollection du MCR30, Jeudi 17 Mars 2022, de 10 heures à 15 heures

 

Accueil à partir de 9 heures 30.

Début à 10 heures. La Présidente accueille au nom du MCR30 Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Nîmes. Elle souhaite aussi la bienvenue à tous les participants et excuse le Père André Chapus, absent pour raisons personnelles.

La rencontre commence par un temps de prière : Mgr Brouwet fait lecture du Psaume du Jour, le Psaume 1 : « Heureux est l’homme qui met sa foi dans le Seigneur », puis l’Assemblée récite en chœur la Prière synodale, une invocation à l’Esprit Saint.

A la demande du Père Brouwet, rapide tour d’horizon des secteurs du MCR30 présents lors de cette Récollection dont le thème est « Pourquoi un Synode sur la Synodalité ? ».

Remerciements du Père Brouwet à tous les participants qui sont autant de visages d’Eglise. Il commence son intervention par une question toute simple : « Est-ce qu’il y a dans cette pièce des personnes qui ont participé à des équipes autour du Synode sur la Synodalité ? ».             Un certain nombre de mains se lèvent.

Mgr Brouwet commence son intervention par rappeler que dès l’origine, l’Eglise a pris l’habitude de réunir des synodes. Il rappelle ainsi ce que, dans les Actes des Apôtres,15, v 5 à 35, on a improprement appelé le « Concile de Jérusalem » : face à un problème qui se pose à eux (la circoncision des chrétiens issus du paganisme), les Apôtres et Jacques, le responsable de la communauté de Jérusalem se réunissent pour en débattre et arrêter une décision. En dehors de cet évènement bien connu des lecteurs du Nouveau Testament, le premier synode reconnu se réunit autour de 180 autour de Victor, l’évêque de Rome, pour fixer la date de Pâques.

Les termes de synode et de concile ont des sens presque semblables : « synode » signifie « marcher ensemble » et « concile » veut dire « se mettre d’accord ». Durant les siècles passés, l’Eglise a réuni de nombreux synodes ou conciles, œcuméniques, généraux ou régionaux, voire diocésains pour faire le point sur des questions touchant à la doctrine ou à la discipline. C’est ainsi que l’Eglise catholique reconnait 21 Conciles œcuméniques, le premier étant celui de Nicée en 325 et le dernier celui de Vatican II entre 1962 et 1965.

Depuis Vatican II, on a multiplié à Rome les synodes (à partir de 1965) : c’est pourquoi on parle de « synodes romains ». De son côté, le Droit Canon de 1983 prévoit aussi des synodes à l’échelle locale, au niveau des diocèses.

On peut parler de remise en valeur de la méthode des synodes et définir deux types de synodes :

  • les synodes romains où ne sont convoqués que des évêques et des prêtres.
  • les synodes locaux qui impliquent aussi la participation des laïcs.

Pourquoi ?

Parce que l’on a fini par se rendre compte de la limite des synodes uniquement de type romain, ces dernier finissant par tomber dans les défauts du parlementarisme. Et surtout parce que, au sein de ces synodes, des confrontations venaient envahir tout dans une atmosphère de polémique stérile.

 

Prenons ici deux exemples :

  • le synode sur la famille qui s’est vite réduit à la question de l’accueil des divorcés remariés.
  • le synode sur l’Amazonie qui s’est quant à lui réduit à la question de l’ordination d’hommes mariés.

Comment faire alors pour ne pas réduire un synode à une seule question et tomber dans le travers du parlementarisme ?

En revenant au sens premier du synode : un moment de discernement qui demande beaucoup d’écoute. Faut-il rappeler qu’il ne s’agit pas d’un débat parlementaire qui s’achève par un vote où la majorité l’emporte !

Car l’Eglise n’est pas une démocratie dans laquelle les décisions se prendraient à la majorité, il n’y a donc pas lieu de lui appliquer les schémas du monde politique ou social. Ce serait très réducteur. Ce serait une erreur de réduire l’Eglise au schéma d’une Association de type Loi 1901, car elle ne fonctionne pas ainsi, elle est bien autre chose.

Comment alors penser l’Eglise ?

Dans la Constitution dogmatique Gaudium et Spes (au chapitre 4), le Concile Vatican II la décrit comme « le Corps du Christ », comme « un peuple qui se reçoit dans la Trinité ».            La vie de l’Eglise, c’est s’enraciner dans le mystère d’un Dieu Trinité, c’est être « communion ». On ne peut donc pas plaquer sur l’Eglise une organisation sur un modèle purement laïc. A l’inverse, nous sommes là pour inviter l’Humanité toute entière dans cette communion.

Ce que nous devons dire, c’est ce mystère-là !

Qu’est-ce qui nous fait alors entrer dans cette communion ? Réponse, le baptême !

Par le baptême, nous sommes membres de cette Eglise, communion entre nous et communion avec la Trinité. Cette communion est organique, cela signifie qu’elle est un Corps vivant dans sa diversité et la complexité de ses membres. Sur ce point, le Père Brouwet nous renvoie à la 1ère Epitre de Saint Paul aux Corinthiens, chapitre 12, versets 4 à 6 : « Les dons de la Grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous ».

Par nos engagements dans l’Eglise, nous faisons vivre ce corps. Comme l’écrit la Constitution Lumen gentium, chapitre 4 : « L’Esprit habite dans l’Eglise et dans les fidèles comme un Temple ». Par le baptême, nous sommes devenus le Temple de l’Esprit Saint, nous laissons l’Esprit Saint nous guider. C’est pourquoi, il est important dans nos petites équipes du MCR30 de prier l’Esprit Saint, comme nous l’avons fait en lisant au début de cette rencontre la prière d’invocation à l’Esprit Saint. C’est Lui qui nous fait vivre et qui fait vivre nos Communautés.

Partout, il faut être « mendiants de l’Esprit Saint ». C’est Lui qui rajeunit l’Eglise et qui nous rajeunit. C’est Lui qui nous permet d’être actuel et en phase avec les réalités du monde.

Le Père Brouwet rappelle la très belle Exhortation apostolique du pape Jean-Paul II de 1988, Christifideles Laïci, que l’on peut traduire par « les laïcs fidèles du Christ ». Il fait en particulier lecture du paragraphe 20, traitant de la diversité et de la complémentarité de l’Eglise comme communion organique. En voici un extrait : « La communion ecclésiale se présente, pour être plus précis, comme une communion organique, analogue à celle d’un corps vivant et agissant. » Et plus loin : « Grâce à cette diversité et complémentarité, chacun des fidèles laïcs se trouve en relation avec le corps tout entier et, au corps, il apporte sa propre contribution ».

C’est ainsi que dans l’Eglise, les laïcs mettent en commun leurs charismes personnels, tout ce qu’ils ont reçu. Notre Eglise est d’abord à penser comme une communion. Elle est aussi au service de la mission.

Quelle est donc la mission des laïcs dans l’Eglise ?

C’est avant tout une participation à la mission du Christ. Après sa mort et sa Résurrection, le Christ a envoyé l’Esprit Saint pour continuer la mission qu’Il avait commencée. Parce que nous avons reçu l’Esprit Saint, nous participons à la Mission. Question : comment le Seigneur veut-Il continuer sa Mission en 2022 ?

Le Père Brouwet rappelle, à travers le paragraphe 34 de Lumen Gentium, la triple mission du Christ :

  • sacerdotale : par le sacrifice de la Messe, on présente au Père le monde et on participe à sa mission pour le monde
  • prophétique : annonce de l’Evangile du Salut
  • royale : la construction du Royaume de Dieu à travers nos activités et nos engagements au quotidien

Il y a mille manières de participer à cette triple mission du Christ. Une triple mission que l’on retrouve dans les trois termes mis en valeurs par le Synode sur la Synodalité :

  • communion : l’Eglise est communion
  • participation : membres de l’Eglise, nous participons à la mission du Christ
  • mission : par notre baptême, nous sommes envoyés en mission dans le monde

La communauté des laïcs est dont envoyée en mission avec ses prêtres. Voilà ce que nous devons essayer de retrouver et qui doit motiver notre chemin synodal. La réflexion sur le Synode est une réflexion sur la responsabilité de l’Eglise-communion, savoir comment nous vivions la mission.

Le Synode ne doit pas nous refermer sur nous-même, il doit nous interroger sur la façon dont nous réfléchissons la mission. Le but du Synode, c’est une Ecoute commune du Saint-Esprit. La Vie de l’Eglise passe par un discernement qui demande de l’écoute, de l’accueil et du silence. Le Synode sur la Synodalité peut nous aider dans nos paroisses à nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint. Le Père Brouwet rappelle dans l’Evangile un passage qu’il aime particulièrement, celui de la maison bâtie sur le roc (Matthieu 7, 24 à 27 ou Luc 6, 47 à 49) : il faut faire d’abord la Volonté de père et non pas ce qui parait bien à nos yeux au risque de se tromper : « Ce n’est pas ceux qui diront Seigneur, seigneur, mais ceux qui feront la volonté de mon Père qui entreront dans la Maison de mon Père ».

Dans une démarche synodale, il faut chercher ensemble quelle est la Volonté du Père pour notre Eglise dans l’intercession à l’Esprit Saint. Cela demande de l’ascèse, de la méthode, de l’humilité et de la patience pour savoir bien discerner. D’où ce fondamental : ne surtout pas oublier d’invoquer l’Esprit-Saint.

Dans quelle mesures nos EAP ont-elles cette dimension synodale, comment avec le prêtre accompagnateur nous mettons-nous à l’Ecoute de l’Esprit Saint ?

Mgr Brouwet résume ainsi son intervention : l’Eglise n’est pas le Conseil d’Administration d’une Association quelconque, c’est la communion de fidèles invoquant l’Esprit Saint. A voir avec son concours ce qui nous fera avancer tous ensemble.

Fin de l’intervention de Mgr Brouwet sur le thème du Synode sur la Synodalité.

Avant la célébration eucharistique prévue à 11 heures 30, petit temps d’échanges, soit des questions, soit des réactions des participants. Dialogue avec le Père Brouwet.

Premier témoignage d’une personne de Roquemaure qui a longtemps été bénévole au Secours catholique mais qui a dû arrêter pour raisons de santé. Elle dit combien elle est heureuse de participer aux actions du Secours Catholique et tout ce que cela lui apporte.

Intervention d’une personne du MCR sur Quissac qui dit à Mgr Brouwet combien elle avait aimé ce qu’il avait dit sur le sens du baptême, en particulier la triple vocation de tout baptisé (prêtre, roi et prophète). Réponse de Mgr Brouwet : le baptême est une consécration.

Une demande de précision sur le terme d’Eglise-communion : Que veut dire pour vous ce terme ? Réponse de Mgr Brouwet : On pourrait être tenté de plaquer sur l’Eglise un modèle politique, économique ou sociale mais ce serait une erreur. Il faut donc trouver un autre terme et il n’en voit qu’un seul qui convienne, communion. La communion est un lien mystique entre nous par le baptême devant le Père. C’est celui qui dit le mieux possible ce qu’est l’Eglise. On reste chacun nous-même, la communion nous est donnée dans l’Esprit Saint. Elle est d’inspiration de l’Esprit, il n’y a plus qu’un seul désir, celui d’être ensemble.

Question du secrétaire du MCR30 : « Ce que j’aime dans ce Synode, c’est que pour la, premier fois, on part de la base pour aller vers le sommet.  Père évêque, que vont devenir les synthèses apporter par les divers groupes qui se réunissent actuellement sur le diocèse ? » Réponse de Mgr Brouwet : on ne peut pas le savoir encore mais ces synthèses vont beaucoup nous aider.

Mgr Brouwet en profite pour rappeler que les formes pastorales ont évolué. Pendant longtemps, on a été dans un principe de tradition. Les chrétiens demandaient le baptême, le catéchisme, la première communion, la profession de foi, la confirmation. Puis on les retrouvait au moment du mariage et tout à la fin de ce que l’on appelait encore l’extrême-onction. L’Eglise encadrait les grands moments de la vie : nous étions dans une « pastorale de la demande » dans laquelle le prêtre faisait tout ou presque. Cela ne fonctionne plus dans les générations actuelles : baisse de la pratique religieuse, très peu d’enfants catéchisés, de mariages ou de baptêmes. Les gens ne demandent plus, c’est donc à nous d’aller à leur rencontre, de les rejoindre. C’est le principe de la Communauté missionnaire. Mgr Brouwet souhaite en faire une priorité des EAP : celles-ci doivent porter avec les prêtres la conversion missionnaire. Tous doivent participer à cette action missionnaire. Il y a besoin d’une conversion missionnaire.

Témoignage d’une personne qui a longtemps été responsable d’une ONG sur le Vaucluse et tardivement venue à la foi : c’est au milieu des chantiers avec des jeunes qu’il a retrouvé la foi. Pour lui, les deux plus beaux verbes de la langue française sont aimer et aider puisqu’ils débouchent sur le mot solidarité. Il est important de veiller que des actions de solidarités se développent au sein de notre Eglise.

Dernier témoignage, celui d’une grand-mère qui dit combien il lui est difficile de pouvoir communiquer sur sa foi avec ses petits-enfants. C’est ainsi que lorsqu’ils sont chez elle et qu’elle regarde la messe ou la bénédiction du pape Urbi et Orbi, ils lui répondent que c’est ringard et dépassé. Elle ne sait pas quoi leur répondre et elle a honte. Mgr Brouwet lui rappelle qu’elle doit affirmer ses convictions même si elles ne sont pas partagées par ses petits-enfants, d’autant plus qu’ils sont chez elle et qu’ils n’ont pas à juger ce qu’elle veut regarder.

Il est déjà 11 heures 15 et il convient d’arrêter les questions pour permettre aux participants de se détendre un peu avant la célébration eucharistique prévue à 11 heures 30. Dernier rappel de Mgr Brouwet qui invite tous les participants à rejoindre un groupe sur le Synode.  Les travaux reprendront après le repas à 14 heures.