Massa Koné, défenseur des droits au Mali, partenaire du CCFD : «unis pour être forts»

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Partenaire invité cette année par le CCFD, Massa Koné, défenseur des droits au Mali a sillonné notre diocèse pour témoigner des réalités et des enjeux de la gestion de la production des terres agricoles dans son pays et plus généralement dans les pays d’Afrique. Il a évoqué avec détermination sa mission, qui bien souvent revêt l’aspect d’un combat, avec tous les risques que cela implique. Mercredi 23 mars, Massa donnait une conférence à la salle polyvalente de Pujaut.

« Nous avons connu trois moments dans l’histoire de la gestion foncière dans le Sahel » a expliqué Massa Koné au début de son exposé de près d’une heure. « Nous avons connu la gestion avant la colonisation, une gestion traditionnelle des terres basée sur le droit coutumier. Cela concernait essentiellement des villages d’éleveurs, d’agriculteurs ou de pécheurs. La colonisation a emmené un régime foncier basé sur la domanialité, qui affirme que toutes les terres appartiennent à l’Etat. Les vastes étendues de l’Afrique ont atténué la prise de conscience de la crise qui couvait. De plus, la grande majorité des peuples qui était concernés par ce mode de gestion ne parlait pas le français, et donc ne comprenait pas ce qui était écrit dans les actes officiels.
Depuis la fin de la colonisation, les terres sont restées propriétés de groupes ou de collectivités sans y inclure le droit coutumier, préférant ainsi attirer les investisseurs au lieu de penser aux populations qui vivent de ces terres depuis plusieurs générations. »

Indissociable de la terre, Massa a aussi évoqué le problème de l’eau : « Quand des multinationales viennent exploiter des minerais précieux, elles doivent les traiter avec diverses substances, souvent toxiques, avec beaucoup d’eau. Les eaux des rivières, des lacs sont pompées. Les communautés qui se servaient de ces eaux pour leur agriculture sont alors expulsées ! »
« Plusieurs de ces communautés se sont constituées en associations pour tenter de se défendre », poursuit le défenseur des droits, « elles se sont retrouvées à Dakar en 2014 pour s’unir et changer les choses ». La convergence globale pour la terre, l’eau et les semences était née…

Un document a ensuite été soumis aux autorités politiques pour modifier la gestion de ces ressources : « Nous dénonçons, mais nous faisons une proposition », précise Massa Koné. « Nous souhaitons proposer ce document à la Communauté des Etats Ouest Africain », poursuit-il. « Nous devons travailler avec divers mouvements et organisations, tous unis pour être forts ! ». Ce combat est indissociable, insiste le partenaire du CCFD, de la lutte contre la discrimination de ces représentants : « si nous ne protégeons pas celles et ceux qui sont portes parole de nos combats, ils sont les premières cibles des multinationales et des grands propriétaires. Ce sont littéralement des cibles à abattre ! ».
D’actions fortes et symboliques en initiatives collectives, comme la « caravane » qui traverse depuis 2018 nombre de pays, un document, né de cette réflexion par l’union, a été rédigé : le « livre vert ».
Optimiste pour l’avenir, Massa Koné, a cependant conscience que le combat sera encore long vers « une vraie intégration de l’Afrique occidentale ».

Jean-Philippe Domenet et Fréderic Bernard