L’Ave Maria de Nîmes

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patrimoine

Contributeur : Service diocésain de la communication | L’Ave Maria de Nîmes

Le premier acte de piété que font les pèlerins gardois lors d’un pèlerinage à Lourdes est de se rassembler devant la grotte et de chanter à pleins à pleins poumons, en guise de salut marial, ce que nous appelons comme un bien personnel notre « Ave Maria » ou « L’ Ave Maria de Nîmes ». Ce chant est traditionnel ; personne ne saurait y manquer.

Mais d’où vient ce chant populaire qui enthousiasme les pèlerins gardois et remplit leur cœur d’une joie reconnaissante ? Depuis quand est-il intégré dans la liste de nos cantiques traditionnels ? Et qui en est l’auteur bienfaisant ? Aussi surprenant qu’il en paraisse : un de nos évêques, Mgr Félix Béguinot, nouvellement nommé évêque de Nîmes en 1896.

Originaire de la région de Sancerre, près de Bourges, le petit Félix Béguinot, 9 ans, a une jolie voix de soprano. Comme il aime chanter et adore la musique, il demande à ses parents d’entrer à la maîtrise de la cathédrale de Bourges qu’un chanoine vient de fonder. Nous sommes en 1845.

Désireux d’être prêtre, Félix entre au petit, puis au grand séminaire. En 1860, il est ordonné prêtre par le nouvel archevêque de Bourges, qui n’est autre que Mgr Menjaud, un gardois originaire de Chusclan, Félix Béguinot est successivement nommé vicaire, curé de campagne, curé de N-D de Bourges, vicaire général et finalement évêque de Nîmes. Sacré le 24 août 1896 à la cathédrale de Bourges, il choisit d’arriver à Nîmes le 8 septembre suivant pour la fête de la nativité de Marie.

Ayant depuis l’enfance une grande dévotion envers la Mère de Dieu, il annonce aux gardois qu’il désire, lors de son premier pèlerinage diocésain à Lourdes, consacrer son ministère à la Vierge Marie et publie plusieurs communiqués invitant prêtres et fidèles à participer nombreux à cette consécration. A cette occasion, il a une idée toute simple, mais de génie : composer un cantique à la Vierge pour marquer sa démarche.

Il se met au travail. Une dizaine de jours lui suffisent pour que sorte de son cœur ce cantique populaire dont il écrit lui-même les paroles et la musique que le brillant organiste de la cathédrale de Nîmes, Honoré Bellivier, arrangeait et orchestrait. Cet Ave Maria était beau, joyeux, facile, entraînant. Un petit chef d’œuvre populaire était né !

Arrivés à Lourdes le matin du 28 juillet 1897, les 5 400 gardois, rassemblés l’après midi avec leur évêque dans la basilique ND du Rosaire, attendaient avec impatience le moment de chanter pour la première fois leur Ave Maria.

Après le Magnificat, Mgr Béguinot à genoux devant l’autel récitait l’acte de consécration de son épiscopat à Marie, puis debout, entonnait le cantique nîmois. Aussitôt, avec un enthousiasme délirant proche de faire trembler la voute du Rosaire, les gardois chantaient le cantique épiscopal qu’ils venaient d’adopter et qu’ils ne s’arrêteraient plus de le chanter. Les pèlerins présents étaient émerveillés !

Spontanément, bien qu’à l’époque la chose n’était pas admise, un tonnerre d’applaudissement envahit la basilique. Gagnant la chaire, l’évêque improvisait alors une brillante anaphore reprenant les mots du cantique : ce peuple est à toi !

Vierge Marie, par le martyre de St Baudile, semence des chrétiens, ce peuple venait à toi ; avec Félix, le premier évêque du diocèse, ce peuple se donnait à toi ; à travers les siècles, ce peuple restait avec toi ; par les martyrs de la révolution, ce peuple témoignait de toi ; aujourd’hui, ce peuple est toujours à toi !
« La vierge bénira ce peuple fidèle : Nîmes est la cité de Marie, le diocèse lui est consacré et les nîmois ne retourneront pas dans leurs foyers les mains vides. Ce pèlerinage marquera dans les annales de l’Eglise de Nîmes… »
C’est ainsi que depuis le 28 juillet 1897, l’Ave Maria de Nîmes marque désormais tous les pèlerinages gardois à Lourdes. Puisse cette belle tradition demeurer
toujours.

P. René Guignot


Ave Maria !
Ces chants unanimes, qui montent vers toi,
Ave Maria !
C’est l’acte de foi du peuple de Nîmes,
Ave Maria ; ce peuple est à toi
De nos riches plaines, et de nos Cévennes,
Tous nous accourons, Ave Maria,
Sur la Roche noire, où brille ta gloire,
Prosterner nos fronts.
Du fond des vallées les plus reculées,
Jusqu’en ce séjour, Ave Maria,
Les fils à leur mère, portent leur prière,
Offrent leur amour.
Puissante Madone, guéris et pardonne,
Console et soutiens ! Ave Maria,
Ces enfants qui prient, qui pleurent et qui crient,
Mère, sont les tiens.
Nîmes renouvelle, son antique zèle,
Et sa piété, Ave Maria,
Nourris en nos âmes, les divines flammes
De la Charité.