Présidentielles 2022 : donner la parole aux plus modestes. Portrait de Claire

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rencontre

Contributeur : Mouvements | Secours catholique

À L’APPROCHE DE L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE,

« LA CROIX » ET LE SECOURS CATHOLIQUE S’ASSOCIENT

POUR QUE LES PLUS MODESTES PUISSENT S’EXPRIMER

SUR LA QUESTION DE LA PAUVRETÉ.

En France, plus de 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté. Or, pour imaginer les solutions aux problèmes que ces femmes et ces hommes rencontrent chaque jour, on ne peut pas faire sans eux.

En ce premier jour de Carême, le Secours catholique et La Croix s’associent pour leur donner la parole. Trois personnes suivies par le Secours catholique ont été accueillies toute une journée, le 22 février, au sein de la rédaction.

Parmi elles, il y a Claire Brunel.

Elle est consomm’actrice de l’action des paniers solidaires sur Redessan. Ce sont ses mots, ses ressentis extraits de l’entretien avec la rédaction du journal « La Croix ». À quelques semaines du premier tour de la présidentielle, retrouvez cet extrait issu de l’entretien.

La Croix : Comme plus de 9 millions de personnes qui sont sous le seuil de la pauvreté, vous êtes concernés par la précarité. Quelle définition personnelle en donneriez-vous ? Et pensez-vous que les candidats à la présidentielle comprennent les enjeux ?

Claire Brunel : Non, pas du tout. Pour eux, la pauvreté, ce sont des statistiques. On dirait qu’on est des chiffres, pas des humains. Pour moi, c’est une souffrance. On fait partie des invisibles. Il n’y a pas de réelle compréhension du problème. De toute façon, tant qu’on ne le vit pas, on ne comprend pas. J’ai été infirmière libérale pendant plus de trente ans, j’ai très bien gagné ma vie, j’avais une maison, une belle voiture… Et même si je côtoyais la misère sociale dans mon travail, c’était très abstrait. Suite à un AVC, j’ai tout perdu. Je suis passée d’un revenu annuel de 42 000 € en 2019 au RSA, avec 680 € par mois pour moi et ma fille. C’est une violence assez importante. On perd tous ses repères. On perd sa dignité. Heureusement que j’ai ma mère pour nous loger, ma fille et moi, sinon on serait dehors. Mais tant qu’on n’a pas eu son frigo vide, on ne se rend pas compte.

Certains candidats veulent augmenter les minima sociaux et ouvrir le RSA dès 18 ans, d’autres estiment que ça rendrait le travail moins attractif. Et vous, qu’en dites-vous ?

C. B. : Je suis tout à fait d’accord. J’ai un fils aîné qui a été étudiant quand je gagnais très bien ma vie. J’ai pu lui payer des études et un appartement. Aujourd’hui, il travaille, il est autonome. C’est compliqué pour moi, mais parfois il m’aide à finir le mois. Ma fille de 21 ans était en microlycée privé, mais quand je suis tombée au RSA elle n’a plus pu y aller. Elle suit une formation à distance de secrétaire médicale, qui me coûte 88 € par mois, sur un RSA de 680 €. Si elle touchait aussi le RSA, ce serait mieux. Je ne vois pas comment on peut nous accuser de profiter d’un système quand on a si peu.

Dans votre expérience de la pauvreté, par qui avez-vous été aidé ? Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour être mieux accompagné ?

C. B. : Je suis d’accord qu’il faut augmenter les moyens des associations. Quand on est dans la précarité, on s’isole. Par la bienveillance, on reprend goût au lien social. Dans mon cas, les paniers solidaires du Secours catholique, fournis avec des produits qui viennent des producteurs locaux, m’ont redonné une dignité alimentaire : ce n’est pas parce que je suis pauvre que je dois manger n’importe quoi. Et je suis devenue bénévole : on ne vient plus pour demander de l’aide mais pour être utile. Chacun retrouve une valeur.

Qu’est-ce que vous avez envie de dire aux candidats ?

C. B. : Le pouvoir d’achat, c’est important. Mais il y a aussi la question de la dignité. Il faut aider les gens à retrouver un rôle dans la société. Il faudrait des formations. Moi, j’ai 54 ans, j’ai été infirmière libérale. Depuis mon AVC, avec mes problèmes de santé, j’ai besoin d’un travail aménagé. Alors j’ai envie de demander aux candidats ce qu’ils vont faire pour des gens comme moi, qui veulent travailler mais ne peuvent plus tout faire ?

 

Retrouvez l’intégralité de l’entretien sur : https://www.la-croix.com/France/Presidentielle-2022-Il-faut-aider-pauvres-retrouver-role-societe-2022-03-01-1201202760

Crédits photos : La Croix