« La tempête démasque notre vulnérabilité… »

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eglise


Avec l’équipe diocésaine de l’Action catholique des milieux indépendants


Ne pouvant nous réunir physiquement, il nous semble important de poursuivre nos réunions d’ACI d’une manière différente : Comme en équipe diocésaine, à Nîmes une équipe d’hommes s’est réunie en visioconférence, à Ales une équipe a communiqué par écrit et envoyé le compte-rendu des échanges à son aumônier, des équipes (Avignon Carpentras et Bagnols) communiquent par mails…

•Nous vivons une période difficile, dans le paradoxe de devoir s’isoler pour prendre soin des autres.
Le fait d’être confinés nous rappelle la place de l’autre et nous fait éprouver le besoin que nous avons des autres. Habituellement, nous trouvons normal que d’autres aient besoin de nous mais la réciprocité nous est souvent moins évidente… le coronavirus nous le rappelle ! Les liens qui se renforcent démontrent leur importance et leur nécessité.
Nous multiplions coups de fil et messages pour rester attentifs et présents les uns aux autres à distance, mais, « ce qui me manque le plus c’est le contact direct ».
Même si dans ce contexte, les moyens de communication virtuelle sont précieux, ils ne remplaceront jamais la rencontre directe et c’est rassurant !
Plus de contacts aussi avec nos voisins, échange de services (courses …)
Ce sont les rencontres qui structurent notre vie même si elles paraissent peu importantes.
«Le confinement nous oblige à faire le tri que nous ne faisons pas habituellement pour aller à l’essentiel.»
Nous notons plus de qualité et de fraternité dans les échanges, on se dévoile un peu plus.
Nous sommes inquiets pour des proches isolés ou fragiles, il y a une angoisse.

•Bien qu’inquiets, nous vivons ce confinement en ayant conscience d’être privilégiés.
Il y a un appel très fort à le reconnaître et à l’exprimer, y compris de la part de personnes de notre entourage. Pour la plupart, nous sommes en couple, bien logés, avec de l’espace, un jardin, de quoi nous occuper…
Nous nous inquiétons pour la santé de nos proches. Nous sommes préoccupés par le sort de personnes que nous aidions au sein d’associations et pour lesquelles tout s’est arrêté.
Nous pensons à ceux qui sont confinés seuls ou mal logés en ville avec de jeunes enfants, aux sans-papiers, aux enfants sans ordinateur… Ces inégalités de confinement nous invitent à ne pas juger trop vite ceux qui, parfois, ne le respectent pas.
Privés de notre liberté de circuler et de disposer de notre temps nous pensons à ceux dont c’est le quotidien habituel (handicapés, malades, personnes âgées, prisonniers…)

•La maladie, le deuil sont particulièrement difficiles en période de confinement.
Le conjoint d’une amie est décédé, nous n’avons pas pu être présents, l’accompagner… Elle était seule avec leurs trois fils, c’est poignant la solitude face à la mort… Nous évoquons tous les malades hospitalisés, les mourants privés des visites et du soutien de leurs proches.

•Nous découvrons un nouveau rapport au temps.
Du temps pour souffler, recharger les accus. Une pause qui fait du bien, du temps pour lire, du temps pour vivre tranquillement en couple, pour faire ensemble des choses qu’on ne faisait pas ensemble, pour goûter le plaisir d’être ensemble.

Cette moins grande frénésie d’activité nous ouvre à plus de solidarité, de fraternité : lancement de cagnottes en ligne pour le personnel soignant ou pour aider les plus démunis. Associations d’aide alimentaire qui s’organisent pour des livraisons à domicile. Développement des circuits courts pour venir en aide à des agriculteurs.

•Cette épidémie remet en cause tout notre système.
Nous vivions insouciants, en ayant oublié notre vulnérabilité ; avec les progrès technologiques et médicaux, nous nous pensions protégés de beaucoup de choses, or, devant ce virus, tout le monde est démuni. Les faiblesses de notre monde sont révélées par cette pandémie mondiale. Une crise sanitaire qui met en lumière le manque de personnel et de moyens dénoncé depuis longtemps par les soignants sans être entendus.
Notre société prend conscience de l’importance, pour sa survie, de ces petits métiers (soin à la personne, caissières, transporteurs routiers, éboueurs…), en général peu considérés et mal payés.

Des aspects de cette crise nous inquiètent. Elle augmente les inégalités déjà présentes dans notre société et dans le monde. Nous constatons notre grande dépendance tant technologique qu’économique vis à vis d’autres pays.
Il y aura un avant et un après, avec la catastrophe économique qui va succéder à la catastrophe sanitaire et qui suscite une grosse inquiétude professionnelle pour tous nos jeunes.

Nous nous interrogeons sur le monde de demain.
Pour la France, l’état fait un travail énorme : chômage partiel, fonds de solidarité pour les petites entreprises, le commerces et les travailleurs indépendants. Nous devrons être là-aussi, attentifs aux plus fragiles et à ceux qui échappent aux aides ou ceux pour lesquels les démarches administratives sont compliquées. L’état apparaît comme le seul à pouvoir gérer une crise d’une telle ampleur, cela met à mal une évolution de notre société vers plus de libéralisme.
Au niveau international il y a eu des déconstructions (Europe), nos démocraties sauront-elles faire face à tous ces dangers : difficultés pour la démocratie représentative, tracing, inquiétudes pour les libertés…
Des remises en cause sont annoncées qui concernent la mondialisation, la surconsommation, le non-respect de l’environnement… vers plus de solidarité, plus de fraternité ?

Certains envisagent de coter les valeurs humaines au CAC 40, un chef d’entreprise déclare que « le profit c’est bien mais que le sens de son travail est beaucoup plus important… » Nous voyons là, un appel à chercher ensemble, avec d’autres, comment contribuer à bâtir du neuf, à ouvrir des chemins nouveaux… et si cela nous ouvrait à d’autres manières de vivre ?

•Les célébrations communautaires, les sacrements nous manquent…
Les propositions sur internet et l’émission Le Jour du Seigneur sont précieuses, elles nous permettent une forme de rassemblement et une union dans la prière, on peut être en communion même si on n’est pas proche.

L’homélie du pape du 25 mars sur la tempête apaisée nous apparaît en consonance avec notre partage. La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités (…) Avides de gains, nous nous sommes laissés absorber par les choses et étourdir par la hâte. Nous ne nous sommes pas arrêtés face à tes rappels, nous ne nous sommes pas réveillés face à des guerres et à des injustices planétaires, nous n’avons pas écouté le cri des pauvres et de notre planète gravement malade. (…) Le Seigneur nous interpelle et, au milieu de notre tempête, il nous invite à réveiller puis à activer la solidarité et l’espérance capables de donner stabilité, soutien et sens en ces heures où tout semble faire naufrage.
Invitons Jésus dans les barques de nos vies. Confions-lui nos peurs, pour qu’il puisse les vaincre. Comme les disciples, nous ferons l’expérience qu’avec lui à bord, on ne fait pas naufrage. Car voici la force de Dieu : orienter vers le bien tout ce qui nous arrive, même les choses tristes. Il apporte la sérénité dans nos tempêtes, car avec Dieu la vie ne meurt jamais.