A la découverte du patrimoine spirituel diocésain

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patrimoine

Contributeur : Service diocésain de la communication | A la découverte du patrimoine spirituel diocésain

Cette nouvelle rubrique mensuelle va nous entrainer à la découverte de quelques lieux emblématiques de notre diocèse.
Grâce aux explications éclairées de personnes passionnées, nous vous proposerons deux portes d’entrée :
La première s’ouvrira sur une catéchèse en lien avec le calendrier liturgique.
La seconde nous permettra de mettre en lumière l’histoire et la beauté du monument visité.

LES RELIQUAIRES

A l’occasion de la fête de Toussaint, le 1er novembre (et celle de tous les saints du diocèse de Nîmes, le 8 novembre), intéressons-nous au patrimoine lié au « culte des saints », et plus particulièrement aux « reliques ».

Rares sont les églises ou chapelles dépourvues de représentations de saints et de saintes : statues, tableaux, vitraux… Elles nous invitent au souvenir de celles et ceux qui nous ont précédés – comme un album de famille – et stimulent notre foi, notre espérance, notre charité.

Elles élèvent nos regards et nos cœurs vers « la Cité du ciel, notre mère la Jérusalem d’en-haut ; c’est là que nos frères les saints, déjà rassemblés, chantent sans fin la louange. Et nous qui marchons vers elle par le chemin de la foi, nous hâtons le pas, joyeux de voir glorifiés ces enfants de l’Eglise dont le Seigneur fait un exemple et un secours pour notre faiblesse… » (cf. préface de la Toussaint).

Depuis les premiers siècles, les artistes et la piété populaire ont orné nos églises de représentations de saints, souvent accompagnées d’objets ou de symboles liés à leur martyre ou à leur histoire.

Mais, comme si cela ne suffisait pas, le besoin s’est fait ressentir de conserver des reliques. Cachées dans les pierres des autels consacrés, déposées sous des « gisants », exposées dans des chasses ou coffrets reliquaires, elles sont vénérées.

Quel sens chrétien donner à cette vénération ?

« Celui qui est affectionné pour quelqu’un vénère aussi les choses que cette personne a laissées d’elle-même après sa mort » dit simplement saint Thomas d’Aquin (†1274).

Quand vous regardez le collier que portait votre grand-mère ou le missel dont elle se servait, ce n’est pas au collier ou au missel que va votre affection, mais à votre grand-mère que ces objets vous rappellent. Vous vous souvenez alors de sa bonté et de sa foi, des bons conseils qu’elle vous a prodigués et vous rendez grâce à Dieu de vous avoir donné une telle grand-mère.

C’est dans ce comportement humain tout à fait naturel que s’enracine le culte des reliques. Si nous conservons des vêtements ou des objets de nos aïeux, à bien plus forte raison devons-nous vénérer le corps d’un saint qui fut le membre de Jésus Christ, le temple et l’instrument de l’Esprit-Saint et qui est promis à l’éternelle résurrection.

Historiquement le culte des reliques a commencé avec le témoignage des martyrs.

Voici ce que rapportent les actes du Martyre de saint Polycarpe (†156) :

« Le centurion fit brûler le corps de Polycarpe. Ainsi nous, ensuite, ramassant les ossements plus précieux que les gemmes de grand prix et plus épurés que l’or, nous les avons déposés en un lieu convenable. Là-même, autant que possible, nous nous réunissons dans l’allégresse et la joie en mémoire de ceux qui sont déjà sortis du combat, et pour exercer et préparer ceux qu’attend le martyre. »

Ainsi le culte des reliques galvanisait le courage des chrétiens, les excitait à une foi intrépide, les associait aux mérites des saints et obtenait leur intercession. La coutume fort ancienne de célébrer l’Eucharistie sur le tombeau des martyrs se prolonge en quelque sorte par le fait qu’encore aujourd’hui les autels consacrés contiennent, enchâssées dans la pierre, des reliques de saints.

Quand les persécutions prirent fin, on put plus librement célébrer les anniversaires des glorieux martyrs au lieu de leur sépulture.

La piété populaire, toujours à la recherche de sensationnel, risquait de s’emballer. Le culte des reliques pouvait tourner à la superstition ou au fétichisme.

Au IVème siècle le prêtre toulousain Vigilance en vint même à le condamner comme une idolâtrie.

Saint Jérôme (†420) écrivit alors un cinglant Contra Vigilantius, où il explique que nous honorons les reliques des martyrs afin d’adorer Celui dont ils ont été les martyrs.

Saint Augustin (†430) encourage la vénération du corps des fidèles « qui ont servi d’instrument et d’organe au Saint-Esprit pour toutes sortes de bonnes œuvres ».

Saint Thomas d’Aquin consacre un article de la Somme à justifier la vénération des reliques.

Il en donne trois motifs :

  • L’affection qui nous lie aux saints, amis de Dieu et nos intercesseurs auprès de Lui, nous porte à vénérer tout ce qui reste d’eux, vêtements, objets etc…
  • On doit vénérer principalement le corps des saints qui ont été les temples et les organes de l’Esprit Saint et qui doivent être configurés au corps du Christ dans la gloire de la Résurrection.
  • Toute l’histoire de l’Eglise prouve que Dieu accomplit des miracles en présence des reliques des saints.

Le Concile de Trente sanctionnera de son autorité cet enseignement.

Le Concile Vatican II rappelle que « selon la Tradition, les saints sont l’objet d’un culte dans l’Eglise, et l’on y vénère leurs reliques authentiques et leurs images. » Il faut respecter le sens religieux du peuple chrétien qui de tout temps a entouré la vie sacramentelle de l’Eglise par de telles formes de piété légitimes.

Bien sûr, il ne manque pas de nos jours de beaux esprits pour railler le culte des reliques comme une piété désuète et superstitieuse. Mais le sensus fidelium ne s’y trompe pas. Le peuple des fidèles accourt en masse dès que des reliques sont proposées à sa vénération. Le culte des morts est un des critères décisifs d’hominisation. « Notre religion est sainte qui a bien connu l’homme », disait Pascal. Si l’Eglise ne promeut plus le culte des reliques, le sens humain inné trouvera d’autres formes moins nobles pour s’exprimer. Des ventes aux enchères d’objets ayant appartenu à des personnalités font périodiquement la une de l’actualité. C’est ainsi ; tout domaine abandonné par l’Eglise est immédiatement récupéré commercialement : on ne jeûne plus mais on fait des régimes ; on ne croit plus aux anges et aux esprits mais on consulte les voyants et les horoscopes et on fête Halloween…

L’homme reste l’homme. « Mieux vaut un juste culte des saints qui nous pousse à les imiter et à adorer Dieu que le succédané mercantile et idolâtre que le monde tend à lui substituer. » (cf. site internet du diocèse de Paris)

Quelques photos de reliquaires dans les églises de Pont-Saint-Esprit et de Villeneuve-lez-Avignon, qui possèdent des chapelles dédiées : cliquer ici

Dépôt de reliques de Saint Saturnin et de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus dans l’autel de l’église de Pont-Saint-Esprit, lors de sa consécration, le 22 juin 2008


 Le ZOOM de Novembre : La Collégiale Notre-Dame à Villeneuve-lez-Avignon

Une chapelle de la Collégiale de Villeneuve-lez-Avignon est ornée de nombreux reliquaires… et de nombreuses autres richesses spirituelles et patrimoniales (dont la célèbre « Pieta »). C’est la découverte de ce mois à travers un album photo et une vidéo de présentation.