175ème anniversaire des Augustins de l’Assomption

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Contributeur : Communautes | Assomptionnistes

En ce mois de décembre 2020, les Augustins de l’Assomption fêtent le 175ème anniversaire de leur fondation par le P. Emmanuel D’Alzon. Revue une première fois en raison de la recrudescence de la crise sanitaire, les manifestations liées à la célébration ont dû pour la plupart être purement et simplement annulées. Parmi celles-ci deux conférences annoncées à Nîmes, du P. Benoît Grière, supérieur général de la congrégation, avec qui nous avons pu
échanger « à distance…

> Lire aussi Nîmes : Les Augustins de l’Assomption « parmi nous »

Vous êtes « supérieur général » des Augustins de l’Assomption : en quoi consiste cette responsabilité ?
La congrégation est internationale avec plus de 900 frères et elle est présente dans 32 pays. Le supérieur général est celui qui a le souci de l’ensemble des communautés et qui veille au développement du charisme et des œuvres. C’est lui qui avec son conseil anime la congrégation et nomme les responsables des provinces, c’est-à-dire les religieux qui ont la responsabilité d’un pays particulier ou d’un groupe de pays liés par l’histoire ou la géographie.

Quelle est la vocation des AA et comment se décline-t-elle ?
Les Assomptionnistes sont des religieux vivant en communauté apostolique. Notre vie commune est le cœur de notre engagement car c’est à partir de la communauté que nous sommes appelés à travailler pour l’évangélisation. Nous nous sommes des hommes de foi, de communion et solidaires des plus petits. Cela signifie, qu’au service de l’Eglise, nous voulons travailler à l’annonce de l’Évangile, à la promotion de l’unité des chrétiens, au dialogue entre les hommes et promouvoir la justice et la paix. Nous travaillons dans des domaines très différents pour réaliser cet objectif : l’œcuménisme, le dialogue interreligieux, la presse, l’éducation et les œuvres sociales (aide aux migrants, orphelinats, etc.). J’ajouterai que l’Assomption c’est aussi des laïcs, hommes et femmes, engagés à nos côtés et qui travaillent avec nous pour l’annonce du Royaume de Dieu. Certains sont engagés formellement dans ce que nous appelons l’Alliance laïcs-religieux. Ils sont plusieurs centaines dans le monde.

Le P. Emmanuel a fondé la congrégation au sortir de la révolution industrielle. Aujourd’hui, le monde connaît d’autres mutations, d’autres défis (sociétaux, écologiques…) ; en quoi et à quoi cela provoque-t-il les Assomptionnistes ?
Notre monde change vite et nous voulons répondre aux nouveaux défis. Comme le disait le philosophe Emmanuel Mounier : « les temps sont nouveaux, les réponses seront nouvelles ». Nous avons un projet concernant le « continent numérique ». Il s’agit d’être présent dans le monde des nouveaux moyens de communication sociale : internet, les réseaux sociaux, le Web, etc. Déjà la pandémie nous a donné l’occasion de mettre en place des célébrations sur YouTube et WhatsApp. Nous avons atteint un nouveau public et rejoint certaines attentes des fidèles. Même des « e-pèlerinages » sont en cours de préparation. Mais nous sommes vigilants à la défense de la Création. Nos communautés s’engagent progressivement pour la défense de l’environnement et pour une sobriété heureuse. Notre vœu de pauvreté nous aide à envisager cela avec plus de facilité. Nous sommes aussi présents dans des régions du monde où les conflits sont extrêmes. Je pense notamment à tout ce que nous faisons pour aider les populations dans l’Est de la République Démocratique du Congo où les massacres sont quasi-quotidiens et nous maintenons nos écoles, universités et paroisses ouvertes.

La Province « d’Europe » s’étend sur trois continents. Chaque pays a sa propre histoire, sa propre culture, ses propres réalités… Comment les Augustins de l’Assomption vivent-ils la mission universelle dans un contexte géopolitique mondial complexe et instable, voire dangereux pour les communautés chrétiennes et les religieux ?
La province d’Europe est le fruit d’une union des anciennes provinces européennes : Belgique Nord et Sud, Pays-Bas, Espagne, France. L’ensemble est vaste car il y a eu des fondations en Afrique et en Asie qui sont toujours sous la responsabilité de l’Europe. D’où cette extension géographique mondiale. Mais celle-ci n’a pas pour vocation de se maintenir. Nous sommes dans un processus d’autonomisation progressive en préparant les religieux à assumer les diverses responsabilités que ce soit en Afrique ou en Asie. Nous vivons la mission universelle en répondant aux appels de l’Église. Nous sommes présents en Bulgarie depuis plus de 150 ans. Le pape François nous a demandé explicitement de poursuivre cette mission dans ce pays où vivent à peine 50 000 catholiques.
Nous préparons une fondation en Angola pour l’année 2021 dans le diocèse de Benguela qui nous a demandé de prendre en charge une paroisse. D’autres projets en Indonésie, au Ghana, en Côte d’Ivoire sont à l’étude. Mais nous n’oublions pas les vieilles chrétientés pour autant. Nous fondons au Texas, à El Paso, une communauté à destination des migrants mexicains et autres. Nous veillons à consolider notre présence en Europe malgré la pénurie de vocations dans ce continent.

La solidarité est une œuvre majeure des AA. Quelles réponses, quelles contributions, essayez-vous d’apporter face à l’épidémie actuelle ?
La congrégation a déjà été affectée par cette pandémie. Nous avons perdu des religieux en France et aux USA et d’autres sont gravement atteints, notamment en Espagne.
Nous avons développé un plus grand souci les uns envers les autres. Notre attitude face à la pandémie a été de maintenir nos éducations scolaires ouvertes dans la mesure du possible. Nous n’avons pas à proprement parler d’œuvres sanitaires, mais nous sommes présents dans les aumôneries d’hôpitaux. Notre action a été très fragilisée par les consignes de protection.

Paroisse, Œcuménisme, présence au monde scolaire, certaines activités assomptionnistes « collent » à votre présence dans le Gard, mais quelles en sont les limites ? Autrement dit, comment articuler au mieux, d’une part une vocation spécifique, et d’autre part les attentes pastorales d’un diocèse ?
L’Assomption est résolument d’Eglise. Je veux dire que nous avons comme ambition de collaborer en fils fidèles de l’Eglise et que nous ne sommes pas des francs-tireurs qui travaillent de leurs côtés. Nous sommes attentifs aux orientations diocésaines et nous avons en même temps le souci de l’Église universelle. Enracinés localement nous sommes aussi ouverts au monde dans son ensemble. Cela suscite parfois quelques tensions. La communauté de Nîmes illustre l’internationalité de l’Assomption avec des frères originaires de 4 pays et de 3 continents. À Nîmes nous sommes proches de nos sœurs Oblates de l’Assomption qui ont, comme nous, le Père d’Alzon comme fondateur. Nous travaillons avec elles à l’Institut d’Alzon où elles
sont responsables de la tutelle de l’établissement.

La célébration du 175ème anniversaire de la congrégation devait revêtir une certaine ampleur. Comment cela va-t-il se faire dans le contexte actuel de pandémie ?
Le 175ème anniversaire sera clôturé ce mois de décembre. La majorité des événements prévus tant en France qu’à l’étranger ont été annulés ou organisés en petits comités. Nous sommes solidaires de la condition commune des populations où nous sommes, mais nous avons vivifié les liens dans la congrégation en favorisant l’échange de nouvelles, mais aussi en organisant des rencontres en visioconférence avec nos amis laïcs à travers le monde. La rencontre internationale des laïcs de l’Assomption qui aurait dû avoir lieu à Nîmes en juillet dernier et reportée en 2021… Nous espérons que la pandémie aura alors cessé !

Il est de tradition lorsque l’on célèbre un anniversaire d’émettre des remerciements, des vœux. Les nôtres iront spontanément vers des visages qui nous auront marqués, accompagnés, mais quels sont les vôtres ?
Emmanuel d’Alzon a voulu une congrégation « catholique tout d’une pièce ». C’est-à-dire une congrégation pleinement catholique et sans état d’âme. Nous sommes 175 ans après notre fondation toujours animés par cet idéal de servir le Royaume de Dieu et d’annoncer la Bonne nouvelle. Nous avons une passion : Jésus-Christ. Nous souhaitons donc que ce jubilé nous stimule pour une plus grande fidélité à notre mission. L’Assomption comme j’aime le répéter, n’a pas dit son dernier mot et le travail est abondant.