Semeurs d’espérance

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paroisse

Contributeur : Paroisses | Ensemble paroissial d’Alès Notre Dame

La crise sanitaire, économique et sociale que nous traversons depuis des mois met à dure épreuve l’espérance en un avenir meilleur. Elle remet profondément en cause notre rapport à la vie, à la mort ainsi que nos rapports à l’autre. Nous vivions dans l’illusion de l’immortalité, dans l’illusion de la victoire définitive de la science et de la médecine sur les maladies et la mort. Ce déni de la mort ne nous a-t-il pas empêché de vivre pleinement la vie et de regarder en face la fragilité et la vulnérabilité de la condition humaine ?

L’homme s’est cru tout puissant, d’une puissance infinie et sans limites. Et voilà que ce coronavirus nous oblige à l’humilité, à la prise en compte de notre vulnérabilité et de nos limites. Et en ce sens cette crise peut être salutaire aussi bien pour chacun de nous que pour nos sociétés. Nous sommes aux prises avec l’inconnu, sans savoir de quoi demain sera fait. En attendant nous mesurons les dégâts souvent invisibles qu’a provoqués un confinement synonyme de deuils impossibles, de promiscuité intolérable, de barrière physique déroutante, mais aussi d’ennui, de peur, de solitude. La distanciation physique a pour conséquence d’assimiler l’autre, y compris ceux qu’on aime, à une mesure physique. Sans compter tous ceux qui sont coupés de leurs proches depuis des mois, tout spécialement les personnes âgées en EPHAD. Beaucoup d’entre elles, coupées du lien avec leurs proches, se sont laissées mourir de solitude. Jour après jour l’espérance s’est érodée, surtout pour les plus vulnérables et les plus fragiles. Nous savons que nous ne pouvons vivre sans espérance, sans des raisons d’espérer. Nous ne pourrons nous en sortir et retrouver un peu de confiance et d’espoir en l’avenir à deux conditions : prendre en compte la fragilité et mettre en œuvre une « éthique du care », c’est-à-dire du prendre soin de l’autre et de soi.

Une société qui nie la vulnérabilité ne peut que devenir inhumaine, insouciante envers les plus faibles d’entre nous. Une société où prédominent le repli sur soi et l’indifférence condamne les personnes vulnérables à la solitude et à l’exclusion. Dans un contexte très difficile il nous faut prendre le parti de l’espérance. Comme l’a si bien dit l’écrivain Georges Bernanos, « l’espérance est un risque à prendre. » En tant que chrétiens nous sommes porteurs d’une espérance, l’espérance pascale en la résurrection. Cette espérance elle prend naissance au pied de la croix où Jésus donne sa vie par amour pour sauver le monde et les hommes. Comme l’a écrit si bien Mg Michel Aupetit, l’archevêque de Paris, « le Christ seul est revenu du Royaume des morts. En Lui seul elle perd son visage terrifiant pour devenir une Pâque, un passage vers le Père. » Tout homme a soif d’espérance. Et pour nous chrétiens, cette espérance a le visage du Christ vainqueur du mal et de la mort. La Pâque c’est au fond la victoire de l’amour. Jésus a livré sa vie pour nous par amour. Et c’est dans le don, le sacrifice de sa vie que jaillit la Résurrection et l’espérance de la Vie éternelle. Comme le dit si bien st Paul, « l’amour ne passera jamais. » (1 Corinthiens ch. 13,8). « Si Dieu est amour dit Mgr Aupetit, si « celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu » comme l’exprime l’apôtre Jean (1 Jean 4,16), alors l’éternité est déjà commencée, dans la mesure où nous aimons. Seul l’amour demeure ». Voilà le messaged’espérance que l’Eglise est appelée à porter dans le monde, surtout dans cette crise que nous traversons.

Au cœur de cette crise nous sommes tous témoins de gestes d’amour, de bienveillance et de solidarité qui nous redonnent un peu d’espoir. Des soignants qui parfois au péril de leurs vies font le maximum pour que les malades puissent s’en sortir. Des jeunes qui se proposent de faire les courses de personnes âgées et fragiles. Des associations qui maintiennent le contact avec les plus défavorisés. Des membres du personnel dans les maisons de retraite qui apportent un peu d’humanité à des personnes souffrant de la solitude… Autant de signes d’espérance parmi tant d’autres qui pour nous, disciples du Christ, sont des signes visibles de vies données par amour. Et dans toutes ces vies germent la Pâque du Christ Ressuscité et l’espérance en la vie plus forte que le mal et que la mort.

Dans la crise sanitaire, économique et sociale où nous sommes plongés, soyons des semeurs d’espérance, des veilleurs d’aube, l’aube du matin de Pâques où jaillit la vie donnée par amour du Christ. Ne nous laissons pas submerger et paralyser par la peur ! Pour reprendre les mots du pape Saint Jean-Paul II « ouvrons nos portes et nos cœurs au Christ Ressuscité ». Ouvrons notre monde à la victoire du Christ sur la mort.

P. Gérard CHASSANG.