On parle beaucoup, aujourd’hui, de “discernement spirituel”. C’est presque devenu une mode. Mais que veut dire vraiment “discerner” ? En quoi cela consiste ?
Discerner, cela veut dire se mettre au diapason de l’Esprit, écouter l’Esprit parler en nous pour le laisser nous révéler la volonté de Dieu. Le discernement spirituel suppose une attitude d’ouverture, d’attention ; il implique une écoute, un dépassement des zones sensibles, affectives, rationnelles, logiques, pour atteindre le fin fond de soi-même, où se tient l’Esprit. C’est là seulement qu’un vrai discernement est possible.
Le discernement spirituel consiste d’abord à se placer en face de la décision à prendrepour la considérer attentivement, l’analyser, l’examiner sous toutes ses faces. Une fois tout cela fait, il faut laisser de côté la décision et se reposer, se détendre, prier, entrer au fond de soi pour permettre à son esprit de rejoindre l’Esprit. A partir de là, il s’agit de voir vers où penche la balance, dans quel sens opine le curseur, lequel des deux plateaux l’emporte sur l’autre.
Si l’on décide quoi que ce soit, sans pénétrer dans cette zone profonde où parle l’Esprit, il n’y aura pas de discernement ”spirituel“, mais discernement simplement humain, fondé sur l’intelligence, la raison, la sensibilité, l’affectivité, ou… le caprice. Le discernement n’est spirituel que lorsqu’il se situe au niveau ultime où vit l’Esprit.
Une telle démarche aboutit normalement à la certitude : une certitude au-delà des raisonnements, des preuves, des arguments. On sait tout simplement que le choix qu’on a fait est le bon. C’est comme dans l’amour : on peut toujours essayer de justifier un amour en disant “J’aime cette jeune fille parce qu’elle est sympathique, cultivée, belle, généreuse, etc.”. Mais finalement le choix se situe à un tout autre niveau : on aime parce que c’est elle, parce que c’est lui… On peut en dire autant d’une vocation religieuse.
Les arguments qu’on donne après coup pour justifier un choix ne vont pas au coeur de l’essentiel. On ne justifie pas une vocation, on ne justifie pas un amour. Un choix de vie ne se justifie pas, parce qu’il se joue au niveau de l’Esprit qui est au-delà de toute justification. C’est à ce même niveau que se situe la foi.