La singularité de Hanouka : la sauvegarde de la Torah
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À l’occasion des fêtes de Hanouka et de Noël qui, cette année, ont lieu aux mêmes dates dans les deux traditions, le SEDIF – suivant le mouvement initié par l’Amitié judéo-chrétienne de Nîmes, reproduit l’édito de la lettre mensuelle du Service national des relations avec le judaïsme présidé par le père Christophe Le Sourt.
Comme l’expliquait Yeshayahou Leibowitz : « La tradition du judaïsme place la paix à un très haut rang. On retrouve cette conception déjà exprimée dans la Bible, aussi bien dans l’univers de la Torah orale que dans la législation rabbinique et dans les paraboles. La paix y est placée au plus haut niveau, c’est même une des façons de nommer Dieu. »
Cependant, comme le rappelait, dans une formule saisissante, le philosophe et politologue Raymond Aron, « l’histoire des hommes est tragique ». Il est vrai que certains, dans les années 1990, avaient fait leurs les théories de l’universitaire américain Francis Fukuyama. Lequel, s’inspirant des thèses d’Alexandre Kojève, affirma que la fin de la guerre froide marquait la victoire idéologique de la démocratie et du libéralisme sur les autres idéologies politiques. Selon lui, l’humanité arrivait à la fin de l’Histoire. Nous savons, quarante ans plus tard, ce qu’il advint de cette analyse. Jamais, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, notre monde n’a été dans un tel contexte de transformations géopolitiques profondes et de mutations sociétales.
Or, si nous reprenons l’histoire d’Israël nous voyons des moments de césures profondes. La guerre des Asmonéens est l’une d’entre elles. Cette guerre est racontée dans le livre des Maccabées, qui n’appartient pas au canon de la Bible juive. Néanmoins, la victoire militaire et la libération du Temple, ainsi que le miracle de la fiole d’huile, sont à l’origine de la fête de Hanouka. Laquelle, cette année, sera célébrée du mercredi 25 décembre au jeudi 2 janvier. Saisissante concomitance avec les fêtes chrétiennes de Noël. Lors de la Veillée nous entendrons, d’une façon singulière et renouvelée, les mots du prophète Isaïe « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu jaillir une grande lumière » (9,2).
À quelques jours de la fête de Hanouka voyons sa spécificité. La singularité de la guerre des Asmonéens tient au fait qu’elle fut une guerre pour la Torah et sa sauvegarde. C’est la raison pour laquelle est fut jugée digne d’être célébrée durant huit jours. La plus longue durée des solennités hébraïques.
Plus que tout autre moment de l’année, la fête de Hanouka symbolise l’articulation du judaïsme, tel qu’il se concrétise dans la Torah, et l’histoire du peuple juif porteur de la Torah.
Ainsi, puisque dans le calendrier hébraïque Hanouka apparaît comme la fête du salut de la Torah, elle illumine notre propre rapport à la Parole du Seigneur. À tous, « Hag Hanouka sameah ».
P. Christophe Le Sourt
Source : Lettre d’information du SNRJ n°41 décembre 2024
En savoir sur cette fête : Histoire et rites de Hanouka.