Lumière sur l’occultisme : le documentaire choc de KTO sur les pratiques occultes
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Voilà un documentaire qui s’attaque à un sujet trop longtemps éludé : les pratiques occultes. Véritable phénomène de société, l’occultisme atteint désormais toutes les strates de la société, et notamment les jeunes, cruellement en manque de repères. La réalisatrice Cecylia Rançon signe une œuvre nécessaire, en dépit des limites que contient nécessairement un film de 52 minutes. À regarder et à diffuser autour de soi, en paroisse et en aumônerie à l’occasion de soirées-débats, ou tout simplement en famille…
Lumière sur l’occultisme – Une coproduction KTO/ELLIS FILMS 2024 – Réalisée par Cecylia Rançon
Présentation du documentaire par KTO TV
Médiumnité, soins énergétiques, tirage de cartes : les pratiques occultes ont le vent en poupe. Les salons de la voyance, les cabinets de consultation privés ne désemplissent pas et l’on constate un véritable engouement des jeunes sur les réseaux sociaux. Si la baisse de l’influence chrétienne dans la société en est une des causes, elle n’est pas la seule. Pourquoi un tel succès ? Pour quelles raisons l’Église met-elle en garde contre ces pratiques ? Quels sont les pièges de l’occultisme ? Comment s’en sortir ? Pour répondre à ces questions, la réalisatrice Cecylia Rançon donne la parole non seulement à des experts de l’occultisme, comme le prêtre exorciste Dominique Auzenet, l’ancien adepte des sciences ésotériques le père Jean-Christophe Thibaut ou le théologien Pascal Ide, dont les propos nuancés apportent une véritable originalité à ce film, mais aussi à d’anciens adeptes qui ont réussi à s’en sortir. L’attraction pour les ténèbres présente de véritables dangers, mais il existe des contrefeux… allumés à la vraie Lumière.
Avis d’Emmanuel Tourpe, philosophe et homme de médias catholique
Dans un message publié publiquement sur Facebook (voir ici), le philosophe Emmanuel Tourpe dit recommander avec enthousiasme ce documentaire aux témoignages forts et à la leçon magistrale.
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Il note cependant plusieurs réserves, à commencer par une approche qui, contrairement aux travaux d’Antoine Faivre, grand historien français de l’ésotérisme (1934-2021), « mélange un peu tous les genres ». Dans ce documentaire en effet, « énergétisme, new âge, ésotérisme, occultisme, hermétisme, symbolisme.. font farine au même moulin ». Or pour Emmanuel Tourpe, « tout ne relève pas de la même pratique ni des mêmes logiques. Mettre dans un sac unique les coupeurs de feu, les spirites, les sorcières influenceuses sur Tiktok et les pierres énergétiques est simplificateur. »
C’est que le christianisme lui-même a développé au fil des siècles une tradition symboliste qui flirte avec l’ésotérisme, des Pères de l’Eglise comme Origène aux grands théologiens du XXe siècle comme Hans-Urs von Balthasar qui, rappelle le philosophe, « n’a pas hésité à écrire une introduction passionnante à un ouvrage sur les arcanes majeurs du Tarot ». Dans cette tradition, E. Tourpe cite pêle-mêle des théosophes comme Von Baader et Soloviev, des mystiques et théologiens médiévaux comme Hildegarde de Bingen et Albert le Grand, des figures de la pensée chrétienne de la Renaissance, de la modernité ou encore de l’époque contemporaine (Jean Borella).
Alors, où se situe la nuance ? « Cette tradition chrétienne ne doit pas être confondue avec la gnose ou l’occultisme, explique le philosophe. Mais elle ne peut non plus être oubliée : les symboles, la voie étroite de l’initiation, la liaison liturgique avec le cosmos, le lien christologique entre les morts et les vivants – tout cela est parfois oublié et fait le lit du grand bazar actuel des émotions paranormales. Plus la théologie et la pastorale chrétienne se sont intellectualisées ou banalisées, moins la force symbolique et initiatrice du christianisme a pu rayonner – d’autres en ont pris le relais. »
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Autre limite du documentaire : la distinction trop forte entre le spirituel et la psychologie qui, s’ils sont effectivement à distinguer, se rejoignent également en certains lieux qu’il convient d’affronter avec lucidité : « La folie psychotique et la possession démoniaque ne sont pas deux domaines hétérogènes mais un ensemble complexe et hybride de phénomènes de nature différente parfois très enchevêtrés, explique-t-il. Le « préternaturel » qui est engagé dans ces phénomènes n’est ni purement naturel ni purement spirituel. »
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Emmanuel Tourpe invite dès lors à un second documentaire qui serait comme le pendant positif et lumineux du documentaire de Cecylia Rançon. L’enjeu de ce deuxième opus serait de révéler « la profondeur du symbolisme et de l’initiation chrétiennes », qui englobe aussi bien les symboles cosmiques de la liturgie chrétienne et le chemin du catéchuménat qui est une voie étroite d’initiation (donc à connotation ésotérique, en un sens bien compris) que la communion des saints ou encore une écologie théologique et spirituelle, comme le montrent les récits de la Création en Genèse 1 et 2 ou comme le rappelle bien plus tard saint Paul dans son épître aux Romains :
La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu. Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore (Rm 8,18-22)
Et le philosophe de conclure : « Il ne suffit d’opposer un méchant occultisme à la puissance d’une conversion instantanée à la « foi ». Le christianisme n’est ni purement intellectuel (il est aussi fait de symboles) non plus qu’il n’est une offre sur le marché des religions à disposition de qui veut (c’est le risque de l’évangélisme et de tout ramener à un ‘kérygme’ de quelques mots). Plus l’épaisseur liante, cheminante, symbolique – cosmique, eschatologique – du christianisme sera vue, moins il y aura cette course affolée vers les signes de l’au-delà et du lien avec toutes choses. Il y a un ésotérisme chrétien : tout ne se ramène pas à Jean 3,14 ou à de l’immédiatement accessible. La foi est un chemin (étroit) comme l’illustre le labyrinthe initiatique de Chartres. »