
En lien avec les lectures de ce Dimanche…
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- Solennité de la Pentecôte.
- « Tous furent remplis d’Esprit Saint » (Ac 2, 4).
A l’époque de Jésus, la fête de la Pentecôte était, cinquante jours après la Pâque, une fête joyeuse, en souvenir du cadeau que Dieu a fait à son peuple en lui donnant sa loi. Et, chaque année, on se prenait à rêver: le grand jour où Dieu répandrai son Esprit « sur tout être de chair » (cf. v.17) pour reprendre les mots du prophète Joël, ce grand jour arriverait-il enfin cette année?
L’année de la mort de Jésus, la fête commença comme d’habitude. Et puis, tout d’un coup, l’Esprit Saint bouscula les habitudes. Dans les mots que Luc a choisis pour nous raconter l’indicible, affleure toute cette attente fiévreuse qui habitait le peuple juif: Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent: la maison où ils étaient assis en fût remplie tout entière (v. 2). Ce bruit, ce vent, cette violence évoquent la grande manifestation de Dieu sur le Mont Sinaï, le jour où Dieu a donné la loi. Le livre de l’Exode parlait de tonnerre, d’éclairs, de feu: la montagne du Sinaï était toute fumante, car le SEIGNEUR y était descendu dans le feu (Ex 19, 18). Et le Targum (traduction en araméen) de ce passage du livre de l’Exode racontait que lorsque Dieu avait donné la loi, des lampes de feu traversaient l’espace. Les langues de feu de la Pentecôte les rappellent irrésistiblement: Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux (v. 3). Enfin, très certainement, le miracle des langues évoque pour Luc un autre grand texte de l’Ancien Testament, l’épisode de Babel: Tous furent remplis d’Esprit Saint: ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit (v. 4). A Babel, les hommes cherchaient à faire leur unité loin de Dieu (cf. Gn 11, 1-9). Depuis la Pentecôte, c’est l’Esprit qui les unit.
Marie-Noëlle THABUT
Les Chrétiens sont-ils des cannibales?
Monseigneur AUPETIT
Aux débuts du christianisme, les procureurs qui voulaient empêcher l’extension de cette religion ont cherché des prétextes pour condamner à mort les chrétiens. Il était difficile de les prendre en défaut car ils se comportaient en bons citoyens, ils avaient une morale irréprochable, ils ne faisaient de mal à personne. Il fallait bien trouver un motif de condamnation… Il s’est trouvé deux choses qui ont permis de les accuser: ils refusaient de sacrifier aux idoles et de vénérer comme dieu la statue de l’empereur. La seconde accusation était de les considérer comme des cannibales, puisqu’eux-mêmes disaient qu’ils mangeaient la chair du Christ. Cette ultime charge reposait sur les paroles mêmes de Jésus que les procureurs avaient beau jeu de citer: « Moi je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » Et aussi: « Ma chair est la vraie nourriture » (Jn 6, 51-52).
Evidemment, c’était facile, les chrétiens disent eux-mêmes qu’ils mangent la chair du Christ. Un émissaire fut diligenté par l’empereur Trajan: Pline le Jeune. Après enquête, celui-ci écrivit à l’empereur que les chrétiens n’étaient pas des cannibales parce qu’ils s’exprimaient dans un langage symbolique. Cette accusation est donc tombé d’elle-même.
Mais regardons de plus près. Ce n’est pas du tout symbolique. Le pain consacré par les paroles du Christ n’est pas « symboliquement » le corps du Christ, ne « représente » pas son corps. Il est sa chair.
Pour les hébreux, la chair n’est pas « la viande », c’est la personne tout entière. Le mystère que nous célébrons dans le Saint-Sacrement, nous le définissons par le terme de « transsubstantiation ».
Le pain reste chimiquement composé de la même matière mais substantiellement, dans « son être », il devient le corps du Christ. Ceci est réalisé par la parole de Jésus qu’il prononce lui-même dans la bouche du prêtre et qui accomplit ce qu’elle exprime.
Le cannibale mange de la chair humaine. Le chrétien mange le corps du Christ, Fils de Dieu. Le cannibale va transformer la chair qu’il mange en sa propre chair. Le chrétien va se laisser transformer par le corps du Seigneur. Comme le disait saint Paul: « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Si le Christ vit en moi, alors je reçois sa vie éternelle: « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. Et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 54).